D. André

Musée de Saint-Martin-de-Belleville, une plongée passionnante dans l'histoire de la vallée

31-03-2023 dans Patrimoine

Au cœur du village, le musée de Saint-Martin-de-Belleville évoque la vie d'antan et l'essor du village, avec le développement des sports d'hiver et des stations. Objets, animations, projections : découvrez autrement la vallée des Belleville...

Et si vous remontiez le temps ? Le musée de Saint-Martin-de-Belleville retrace l'histoire des environs depuis le milieu du XIXe grâce aux témoignages des pionniers de la vallée. Sur 4 niveaux, on y découvre le quotidien des Bellevillois jusqu'aux années 1950 et l'apparition des premières stations de ski. Rencontre avec Raphaël Coppi, guide-conférencier, qui nous ouvre les portes de cette ancienne ferme.

La vie d'autrefois à Saint-Martin-de-Belleville

« Sept mois d'hiver…

« La visite commence au sous-sol, là où se trouvait la maison d'hiver », explique Raphaël Coppi. « Plusieurs générations cohabitaient ici, aux côtés du bétail afin de se réchauffer. ». Imaginez : divisée en deux parties, cette maison d'hiver accueille d'un côté, les habitants, et de l'autre, leurs animaux, source de chaleur naturelle. Céréales, légumes, viandes et fromages sont aussi stockés ici en prévision de la mauvaise saison. Il faut dire qu'à cette époque, les hivers savoyards imposaient des conditions de vie particulièrement rudes.

En attendant le retour du printemps, les Bellevillois fabriquent des outils agricoles, tissent la laine, organisent des veillées. Cette promiscuité forcée donne naissance à des liens forts au sein des familles. Ceux-ci se révèlent indispensables au moment des travaux d'été, qui justement, nous attendent au rez-de-chaussée…

… cinq mois de dur labeur ! »

Ici, l'été est une période intense et les nombreuses tâches à effectuer ne laissent pas beaucoup de répit. Dès le mois d'avril, les villageois bêchent, plantent et sèment leurs prochaines récoltes. L'autosuffisance est la règle et ils doivent donc produire tout ce dont ils auront besoin lors du prochain hiver. En juin, vient le moment des foins et de l' « emmontagnée », la transhumance du bétail. « Les gens montaient progressivement vers les alpages. Ils restaient environ quinze jours dans chaque montagnette, pour laisser le temps à l'herbe de repousser et aux hommes, de récolter les foins. »

Ce sont donc les femmes et les enfants qui s'occupent des bêtes et récupèrent le lait pour le transformer. « Il était mis à chauffer dans d'énormes chaudrons de 500 litres, comme celui conservé au musée. Avec, on fabriquait du beurre, de la crème et, bien sûr, des fromages, comme le Sérac ou le Beaufort. » Les collections du musée abritent également des verzhètes, qui servaient à séparer le lait caillé jusqu'à avoir des morceaux aussi gros qu'un grain de riz. Ces morceaux étaient ensuite utilisés pour la réalisation du fromage.

Venez vivre une année dans la vallée le temps d'un conte pour les enfants ! Destinées aux 3-8 ans, les séances ont lieu une fois par semaine. Tarif : 5 € par enfant. Plus d'informations au 04 79 00 20 00.

L'évolution de la vallée

150 ans d'Histoire

Nous voici au premier étage, qui présente les grandes dates de l'histoire de la vallée depuis 1860 et le rattachement de la Savoie à la France. « C'est aussi l'époque de la Révolution industrielle, reprend Raphaël Coppi. Beaucoup de jeunes quittent la vallée pour travailler à Moutiers, où le travail est mieux rémunéré, ce qui permettait de payer les impôts et de ramener des produits non fabriqués dans la vallée. C'est un véritable exode et le nombre d'habitants dans la vallée se réduit fortement. » La Première Guerre mondiale bouscule à son tour ce mode de vie agropastoral. « Les hommes sont réquisitionnés et partent au front, ce sont donc les femmes qui vont devoir s'occuper des terres, labourant parfois à la force des bras. »

Les panneaux se succèdent, évoquant tour à tour le Front populaire et les congés payés, en 1936, ou la Seconde Guerre mondiale. « À Saint-Martin, la piste de ski Jérusalem rappelle que les habitants ont caché des enfants juifs dans les montagnettes pour les protéger. » Peu à peu, le système paysan traditionnel s'effrite, les mentalités évoluent et une nouvelle forme d'économie apparaît dans la vallée : le tourisme.

La naissance des stations de sports d'hiver

Dans les années 1960 et 1970, de nombreuses stations de ski apparaissent suite au Plan Neige. C'est le cas des Ménuires, en 1967, puis de Val Thorens, en 1972-1973. Une vidéo, projetée au dernier étage du musée, retrace d'ailleurs la création de celle-ci. Ce nouveau tournant ne se fait pas sans difficultés : « Pour les familles, c'est le choc des cultures ! Elles souhaitent protéger leur héritage, tandis que des investisseurs rachètent les terres pour des sommes dérisoires. »

Dernière station de la Vallée des Belleville, Saint-Martin est reliée au domaine skiable des 3 Vallées au cours des années 1980. Aujourd'hui, son cadre pittoresque en fait un lieu de vacances apprécié. « Les gens qui viennent ici recherchent le calme, le caractère et le charme d'un village typique, un esprit que reflète le musée » conclut Raphaël Coppi. Le musée de Saint-Martin-de-Belleville propose un parcours de visite ludique, ponctué de témoignages, sur la vie de ce site d'altitude devenu une destination touristique. N'hésitez pas à venir le découvrir, en famille ou entre amis.

Informations pratiques

Tarifs

Ouverture des remontées mécaniques du 6 juillet au 30 août 2024. En savoir plus